LOIVRE BALADE EN 1900
La Sucrerie
En 1885, MM. Chovet et Thiery fondèrent à Loivre une sucrerie dont les bâtiments étaient situés entre la rue de Verdun et la rue de Courcy actuelles, parallèlement à la rue de la Gravelle. La cheminée se trouvait au ras de la rue de Courcy.
Le long du canal, à la place occupée aujourd’hui par le bâtiment principal de la Providence agricole, se trouvait un hangar de chargement, alimenté par des wagonnets. Au-delà de la rue de Courcy ( secteur du lotissement de la Dîme aujourd’hui) se situait le champ d’épandage.
La sucrerie fut détruite par les bombardements de la guerre 1914-1918
Son directeur, Mr Lemaire, mourut au champ d’honneur au cours du conflit, mais, le 14 avril 1920, elle fusionna avec la sucrerie de Guignicourt.
Lors de sa première campagne, en 1922, cette nouvelle sucrerie écrasa 7500 tonnes de betteraves (à peine la production d’une seule journée de la sucrerie de Guignicourt en 2005.)
A proximité de l’ancienne sucrerie, le long de la rue de la Gravelle, se trouvait également une fabrique de paillons qui fut reconstruite après la guerre et fonctionnera jusque vers 1930.
Intérieur de la sucrerie pendant la guerre 14-18
La Motterie
La Verrerie
Pourquoi une verrerie ?
Dans la seconde moitié du XIX° siècle apparaissent, dans la région de Reims, prenant la succession de celles de l’Argonne, des verreries dont l’importance dans la vie sociale et économique de l’époque est loin d’être négligeable. Spécialisées dans la fabrication de bouteilles champenoises, situées à proximité des centres viticoles, elles répondaient à la demande d’un marché en pleine expansion, surtout après les lois douanières de 1860, qui favorisent l’exportation. Rien que pour les mousseux, il faut 8 millions de bouteilles en 1848, 11 en 1860, 20 en 1872 et 40 en 1910 !
La verrerie des Fontaines.
La verrerie de Loivre, dite verrerie des Fontaines, est la première des quatre verreries qui vont successivement s’installer aux portes de Reims, à proximité de leur clientèle : à Loivre en 1854, à la Neuvillette en 1861, à Courcy vers 1870 et à Cormontreuil en 1872. Elles jouxtent le canal de l’Aisne à la Marne : grosses consommatrices de sables (pour la fabrication du verre) et surtout de charbon (200 kg de charbon pour 100 bouteilles), elles vont profiter du transport par voie d’eau, bien que le canal ne soit à cette époque navigable que la moitié de l’année.
La verrerie des Fontaines occupait un vaste espace entre le canal, au nord de l’écluse des Fontaines (d’où son nom), et la voie de chemin de fer Reims-Laon. Sur les cartes postales de la fin du XIX° siècle on peut voir ses vastes bâtiments, halles de fabrications avec une gigantesque cheminée, la cité ouvrière, l’école.
La verrerie emploie 180 ouvriers en 1904, 90 en 1907. Une enquête de 1879 sur le travail des enfants dans l’industrie nous apprend que “vingt enfants de douze à quinze ans y travaillent. Les uns, le plus grand nombre, savent lire, écrire et compter. Les autres sont envoyés à l’école du village”.
Elle est agitée par des revendications ouvrières au début du XX° siècle. Après l’échec d’une première grève en 1904, les verriers, qui travaillent 11 heures par jour, obtiennent en 1906, à la suite d’une nouvelle grève, une augmentation par négociation directe avec le patron.
Les Fondateurs de la verrerie de Loivre sont d’une ancienne famille verrerie d’Argonne.
Après l’incendie de leur verrerie de la Harazée, près de Vienne-le-Château, les trois frères Alfred, Eugène et Léopold BIGAULT DE GRANRUT choisissent Loivre pour reconstruire.
Le fils d’Eugène, Charles, est propriétaire de la verrerie en 1914, mais son petit-fils est tué à Verdun en 1916. Charles de Granrut, cruellement atteint, vend alors toutes ses parts et se retire dans le Midi.
Cela explique en partie que la verrerie de Loivre n’ait pas été reconstruite après la guerre comme celle de Courcy.
Quant au caveau de famille des Granrut, édifié dans le cimetière de Loivre, il fut pendant la guerre profané par les Allemands, qui y installèrent un poste d’observation.
Grandeur…
En 1856, la production de Loivre dépasse largement le million de bouteilles, chiffre jamais atteint par aucune verrerie argonnaise. Présente déjà à la première exposition universelle de Paris en 1865, la verrerie “De Granrut Frères”, de Loivre, expose à celle de 1878 ” des bouteilles excellentes de formes, pure de verre et d’une solidité qui leur permet de résister à des pressions considérables”. Elle sait donc soutenir la concurrence, très vive.
Notre verrerie livre des bouteilles, des demi-bouteilles (chopines) et, à partir de 1862, des doubles bouteilles (magnum). Les expéditions vont bon train : en 1857, elle fournit 158000 bouteilles à Moët et Chandon, dont elle devient le second fournisseur à partir de 1865. Elle livre aussi la maison Krug et bien d’autres.
… et décadence.
À partir de 1908, la situation du vignoble champenois se dégrade : aux ravages du mildiou et du phylloxéra s’ajoutent des problèmes de limitation de la Champagne viticole.
La récolte de 1908 est désastreuse. Les stocks de bouteilles s’accumulent. Les ravages de la première guerre mondiale vont accélérer un processus de concentration, voire de disparition dont les germes étaient déjà perceptibles auparavant.